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Notre rétrospective de la saison 2022 prend fin aujourd’hui, avec l’analyse de la saison de Pecco Bagnaia. Comme pour les autres, regarder sa place au général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que l’Italien suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était la saison de Fabio Quartararo qui était à l’honneur. Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette phrase en surbrillance.

Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la pensée de son auteur.

I) Étrange physionomie

Cette saison 2022, exceptionnelle à plus d’un titre, est finalement assez difficile à appréhender dans son ensemble. Si on analyse froidement les chiffres, la saison de Bagnaia n’est en rien transcendante. Avec 13,2 points par course en moyenne, il s’agit du deuxième pire total depuis l’avènement du championnat MotoGP en 2002, après la saison 2020 de Joan Mir. De plus, Pecco est tout de même tombé à cinq reprises, ce qui n’était jamais arrivé pour un champion du monde. Si l’on tient compte de la qualité du matériel dont disposait Bagnaia, on pourrait penser que cela fait maigre.

Mais ce serait omettre le verdict de la piste. Nous avons été particulièrement impressionnés par Pecco, notamment sur la fin de saison. Avec une moto apparemment mal née, Bagnaia peinait à faire fonctionner son package sur les premières manches. Finalement, ce n’est qu’à partir du Grand Prix des Pays-Bas, un des tournants de la saison, que le diplômé de l’académie VR46 s’est réellement imposé comme le meilleur pilote actuel. Nous n’avons pas peur de le dire.

 

Bagnaia dans ses œuvres. Photo : Michelin Motorsport


Puis le récital débuta. Nous vîmes évoluer un monstre, tout simplement. Plusieurs choses sont à retenir de cette fin de saison ahurissante. Tout d’abord, nous n’avions jamais vu, en 73 années de Grands Prix, un pilote progresser aussi rapidement et de manière si prononcée en l’espace de quelques courses. L’an dernier, nous écrivions sur sa fébrilité après le GP de Misano, qu’il concluait par une nouvelle chute en tête. D’ailleurs, en un sens, Le Mans 2022 donna raison à cette analyse. Mais bientôt, Bagnaia corrigeait le tir.

À Misano, Sepang ou en Aragon, il a prouvé qu’il devenait l’un des plus solides sous tension, en réalisant des performances d’outre tombe. À vrai dire, et si cela peut paraître blasphématoire, nous pensons que même « Márquez 2019 » aurait eu du mal contre le « Bagnaia 2022 Assen – Valence ». La manière dont Pecco conservait un élan favorable après des chutes que l’on pensait décisives (Allemagne, Japon) fut bluffante. Rien ne pouvait lui arriver. Après Silverstone et sa victoire « surprise », c’est comme si le titre lui était promis alors qu’il pointait encore à 49 points derrière. L’Italien dégageait une telle confiance, une telle aura, que l’image de sa grandeur dépassait son niveau réel : la marque des légendes.

II) Attention les yeux

Même ses cinq chutes ne jouent pas tellement contre lui. Arrivé favori au Qatar, il forçait pour faire avancer sa Desmosedici GP22 mais sans résultats. Rien à voir avec une erreur de pilotage plus classique. Ensuite, il ne faut pas oublier sa déconvenue de Barcelone, fauché par Nakagami au premier freinage alors qu’il présentait de bonnes chances de victoire. Certes, les trois autres sont moins justifiables et totalement de son fait, mais est-ce si grave ? Bagnaia est le pilote du futur. Celui qui peut se permettre de chuter cinq fois ou plus dans des saisons ponctuées de coups d’éclats. Des abandons qui, grâce à la sécurité en constante progression, n’impactent plus du tout le mental. La vitesse intrinsèque de ces nouveaux venus est telle que rien, ou presque, ne peut les perturber à l’échelle d’une campagne.

 

Souvent devant. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors, certes, nous notons quelques points faibles ici et là – notamment durant la première partie de saison. Mais globalement, ces défauts ont été corrigés au fil de l’année. Établir un plan pour vaincre la paire Bagnaia – Ducati relève du véritable casse-tête. En plus d’être le meilleur pilote avec la meilleure machine, c’est de loin le plus complet du plateau. Affaire à suivre.

Conclusion :

Bagnaia a réalisé une campagne historique, qui témoigne d’un changement radical dans l’écosystème du championnat. Pour la première fois depuis 2006, aucun espagnol n’est présent dans le top 3 en catégorie reine. Bagnaia incarne la nouveauté, la fraîcheur. À coup sûr, Valentino Rossi doit être immensément fier du travail accompli par l’officiel Ducati. Rendez-vous compte : malgré un début de saison « raté », Pecco finit l’année avec 189 tours menés, contre 172 pour Quartararo, Miller et Martín combinés. Sans aucun doute, il fait un champion exceptionnel dont l’histoire se souviendra.

Qu’avez-vous pensé de son année ? Dites-le nous en commentaires !

« Fight or flight ». Photo : Michelin Motorsport

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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