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Après avoir remporté à Brno sa première victoire en catégorie MotoGP, ainsi que celle de KTM, Brad Binder arrivait sur le Red Bull Ring parmi les favoris. Le constructeur autrichien y avait déjà effectué des essais privés, mais avec Pol Espargaró pendant que Binder était bloqué en Afrique du Sud. Celui-ci découvrait donc à Spielberg un circuit tout nouveau pour lui dans cette catégorie, mais en plus dans des conditions météo assez difficiles.

Les repères de freinages étaient donc compliqués à trouver selon l’adhérence de la piste. Les deuxième et troisième séances d’essais libres se déroulaient partiellement sur le mouillé, ce qui bien sûr ne facilitait pas le choix des pneumatiques. Binder terminait les essais libres en 16e position à 0.812 du leader Pol Espargaró et à 0.394 du dixième Fabio Quartararo.

Florian Ferracci, l’un des mécaniciens de Binder – et lui-même ancien pilote international – a vécu ainsi les essais libres : « Brad, n’ayant pas trop de références sur ce circuit en MotoGP, est parti prudemment. On sortait tout auréolé de la victoire de Brno, et on s’est vite aperçu que ça n’allait pas être facile. Il avait besoin de beaucoup de tours sur le sec, mais on n’a pas été trop gâtés par la météo à ce niveau-là. La deuxième séance n’a carrément servi à rien pratiquement, car il faisait sec sur les trois-quarts du circuit. Il y avait juste deux virages et une ligne droite qui étaient complètement mouillés. On ne pouvait pas rouler en pneus slicks – dangereux sur cette partie inondée – tandis que les pneus pluie se détruisaient trop rapidement sur la partie sèche. Ça a été un peu dommage. »

« Ensuite, on voyait que de toute façon Brad avait quelques difficultés, car n’ayant pas tous ses repères, il faisait quelques erreurs, comme des tout droits. Il n’arrivait pas à bien faire un tour complet. »

« Nous, on croit beaucoup en notre pilote. On sait ce dont il est capable, il nous l’a montré aussi bien à Brno que par le passé. Nous avons donc une grande confiance en lui. »

« Il était content de la moto. Les erreurs qu’il faisait étaient causées par son apprentissage de la piste. On était très confiant par rapport à lui pour la course. »

Lors de la Q1, beaucoup pensaient que Brad remonterait lors des qualifications, même s’il y était opposé à Johann Zarco, Danilo Petrucci, Valentino Rossi, Cal Crutchlow et Aleix Espargaró. Le Sud-Africain terminait la Q1 à la 7e place, donc la 17e sur la grille de départ. Brad restait stable au classement, avec la 16e place des essais libres et la 17e des qualifications.

Pour le Directeur de KTM Motorsport Pit Beirer, samedi soir : « Brad n’a jamais piloté une machine de MotoGP à Spielberg. Il n’a pas été facile pour lui de trouver les repères de freinage parfaits. En tant que rookie, il lui a manqué encore quelques tours sur cette piste; il aurait pu utiliser une FP2 sèche vendredi. Mais Brad était déjà bien meilleur en FP4 que le reste du week-end. Bien entendu, les conditions mitigées de deux des quatre séances d’essais libres n’ont pas joué en sa faveur. »

Binder a estimé que « je n’ai pas fait une bonne performance lors des qualifications. Au premier run, je n’ai pas eu l’impression d’avoir fait un bon tour. Lors du deuxième essai, j’ai fait de grosses erreurs et je suis sorti de la piste. Après cela, j’ai pu améliorer un peu mon temps, mais le potentiel était beaucoup plus grand pour ce dimanche. »

Florian, est-ce que ça a été également ton impression ?

« Nous avions quand même un petit peu de doutes, mais nous constations qu’il avait une grande confiance en lui-même. L’impression qui émanait de lui était « demain ce sera la course, et demain je serai là ». On sait que lui, c’est un battant. C’est un pilote qui adore la course, et qui aime aller, je ne dirais pas au contact, car il est très propre dans son pilotage, mais à la bagarre propre. »

« Quand on en parlait ensuite entre nous, entre mécaniciens, on se disait « il y a peut-être moyen de faire dans le top 10, voire le top 8 ». Mais on avait du mal à imaginer mieux par rapport à une dix-septième place sur la grille. »

Dix-huitième à la fin du deuxième tour de la course, donc à 26 tours du drapeau à damier, Brad remontait ensuite en douzième position. Seuls Fabio Quartararo et Binder tournaient alors en 1’24 ! Son coéquipier Pol Espargaró passait deuxième entre Jack Miller et Andrea Dovizioso.

Vidéo : Binder le plus rapide en piste :

Pol Espargaró prenait la tête à 21 tours de la fin, avec les KTM de Miguel Oliveira cinquième et de Binder onzième. Puis un accrochage impressionnant impliquait Franco Morbidelli et Johann Zarco. On repartait pour 20 tours, avec les positions sur la grille en fonction du classement au huitième tour, donc avec Brad neuvième.

Comment as-tu vécu la course ?

« En partant d’aussi loin, le début de la première partie du Grand Prix n’a pas été facile. Puis très rapidement il a doublé pas mal de pilotes. Moi, j’étais au panneautage et je n’ai pas trop vu les images de la course car je regardais plutôt les écarts. J’ai été impressionné pendant la première partie de la course car il tournait pratiquement dans les mêmes temps que les premiers, tout en ayant à doubler beaucoup de monde. C’était encourageant. »

« Par la suite, malheureusement, il y a eu cet accrochage et tout est reparti à zéro. Comme en remontant il avait été dans le rythme des premiers, on pouvait espérer finir à une septième ou une huitième place. »

Vidéo La lutte entre Valentino Rossi et Brad Binder :

Comment voyais-tu les choses au moment du deuxième départ ?

« Il était dans une position nettement meilleure sur la grille, avec la neuvième place. On se disait que vu son rythme pendant la première partie de la course, on envisageait déjà un bon résultat. On pensait même qu’il pouvait obtenir une cinquième ou une sixième place. »

« Il y a ensuite eu une belle bagarre avec de nombreux pilotes, et quand il a commencé à se rapprocher de la cinquième position, il était toujours dans le rythme des premiers, mais malgré tout il y avait un écart de 3 secondes qui se maintenait. »

« On espérait qu’il gérerait bien les pneus en fin de course, afin de se maintenir à la cinquième place, ce qui nous rendait super contents. »

Pol Espargaró et Miguel Oliveira chutaient, et Binder passait cinquième (et 1er KTM) à 10 tours de la fin. Álex Rins tombait alors qu’il prenait la tête, et Brad devenait quatrième à 3.5 du leader Andrea Dovizioso.

Pensais-tu alors un podium possible ?

« Disons qu’une quatrième place, c’était déjà très bien. Personnellement je ne pensais pas au podium, sauf en raison de la chute éventuelle d’un pilote de devant, ce qu’on ne souhaite jamais. Je signais tout de suite pour une quatrième place. J’espérais simplement que ça se passe bien au niveau des pneus et qu’en fin de course ils ne perdent pas de grip. Sachant que c’est un battant, je pensais qu’il allait vraiment s’accrocher à cette quatrième place. »

« En vérité, ce qui s’est passé sur la fin, c’est que Valentino est remonté sur lui pendant les trois derniers tours. Je le panneautais vraiment par rapport à ça, en lui donnant bien l’écart. »

Le secret de Florian : « Je garde toujours une petite marge supplémentaire. C’est-à-dire que si par exemple il arrive avec 1.5 d’avance, je lui montre 1.2. Ou s’il a 1.2 je ne lui mets que 1.0. Je garde toujours deux ou trois dixièmes dans la poche. »

« Je le panneautais par rapport à ça, mais quand il est passé au dernier tour et qu’il n’avait que 0.5,  et j’avais vraiment peur que Valentino l’attaque pendant le dernier tour. D’ailleurs, on en a parlé ensemble par la suite, et il a vu plusieurs fois sa roue avant. Il le sentait vraiment près derrière lui et il a tout fait pour garder sa place. Il m’a même dit que si l’autre finissait à 0.2 ou à 2.0, ça ne changeait rien. Il voulait terminer devant et c’était tout. Peu importait l’écart. Là il était très content car il avait terminé devant « l’idole » de sa jeunesse. »

Quel a été ton bilan d’ensemble ?

« Finir quatrième en partant dix-septième, pour nous c’était inespéré. Il a montré encore une fois son talent et que notre moto fonctionnait très bien. C’est dommage qu’il n’ait pas pu participer aux essais préliminaires de Spielberg, quand seulement Pol avait pu venir. Suite au Covid-19, il était vraiment coincé en Afrique du Sud. Il manquait donc de roulage sur le sec. »

Que prévois-tu pour la prochaine épreuve, le Grand Prix de Styrie ?

« Il a eu beaucoup de roulage sur le sec. Même avec une course et deux départs. S’il arrive à bien se qualifier, c’est-à-dire dans les trois premières lignes, on pourra jouer également une place parmi les cinq premiers. »

« On a vu que les KTM étaient toutes compétitives, aussi bien celle de Pol, que celles de Miguel et de Brad, tout comme Lecuona qui a fait une très belle course (ce que peu de gens ont remarqué). On peut espérer un bon résultat d’ensemble des KTM. »

« Ici il y a toujours une inconnue, c’est la météo. Mais Brad est tellement content de rouler qu’il saute sur sa moto, piste sèche ou humide. Il est hyper motivé et je pense qu’on devrait faire ensemble une bonne place. »

Vidéo : L’Armée Orange en marche vendredi dernier :

Photos © Polarity Photo pour KTM

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