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Portimao

La feuille des temps du premier jour du test de Portimao qui marque le crépuscule de l’intersaison est-elle significative de l’aube qui se lèvera sur le même site pour baigner de sa lumière l’entame de la campagne 2023 de MotoGP au Portugal ? Ce dimanche apportera quelques éléments de réponse en même temps qu’il clôturera cette période où l’on y fourbit ses armes. Des armes contondantes, des lames tranchantes sont décelées du côté des Italiens qui peuvent apparemment à présent aussi compter sur Aprilia en plus de Ducati. Chez KTM on est encore l’arme au pied mais chez les Japonais, le katana est sacrément émoussé. Cependant, il n’y a pas de quoi être surpris, même si l’effondrement de la maison Japon est d’un grand fracas.

Le samedi en Algarve a été une grande fête italienne dans un top 10 où l’on ne trouve qu’une seule marque japonaise. Il s’agit de la Yamaha de Fabio Quartararo, isolée au milieu des Ducati et autres Aprilia. Pour voir une Honda, il faut se pencher sur la seconde partie du classement, qu’honore aussi de sa présence le groupe Pierer Mobility avec ses KTM et GASGAS qui font quatre RC16.

Une fois de plus, le Japon est sur le reculoir. On espérait tout de même qu’il en serait autrement en 2023 après un hiver studieux passé à se remettre en cause. Mais c’est à se demander si, au sein de l’empire du soleil levant, on n’y a pas plutôt hiberné. Ce n’est sans doute pas le cas. Alors il faut encore et toujours en revenir au discours sur la méthode du brillant Davide Brivio qui reçoit un écho très opportun de la part de Marco Rigamonti. Car l’actuel chef mécanicien de Bastianini chez Ducati a été de l’aventure GSX-RR. Il est donc aux premières loges pour comparer Ducati et les Japonais. Ce qu’il a d’ailleurs fait.

On lit ainsi sur ce sujet ses propos sur slick-magazine : « les Japonais développent leurs motos au Japon, mais ensuite ils les font utiliser par des équipes gérées par des Européens. Ce qui se passe, c’est qu’une équipe d’usine, dans la pratique, est traitée comme une équipe satellite » commence l’Italien. Une base qui est aujourd’hui dépassée : « si autrefois la différence entre les équipes d’usine et les clients ne résidait que dans les pièces disponibles – par exemple, un échappement qui vous donne quelques chevaux en plus – maintenant c’est différent : il faut avoir des personnes fournies et préparées par l’entreprise en amont ». Et il ajoute : « si autrefois les pièces dont était faite la moto comptaient beaucoup, aujourd’hui le travail de l’équipe compte beaucoup plus ».

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Marco Rigamonti et son expérience japonaise explique Portimao : « j’ai été témoin d’une inertie impressionnante« 

Et puis il y aussi ce relationnel que les Japonais semblent incapables de développer : « les équipes japonaises s’en remettent souvent aux européennes pour gérer les équipes parce qu’elles n’en seraient pas capables » assure Rigamonti qui appuie son argumentation avec cet exemple : « quand un pilote a un mauvais moment et revient au stand enragé et commence à crier, les Japonais ne peuvent tout simplement pas le gérer. Ils ont peur avant même d’avoir à affronter de telles situations, encore moins s’ils devaient les vivre ».

Et puis il y a le temps de réaction face à la concurrence… « Suzuki avait l’avantage d’avoir une moto très équilibrée, qui s’est bien comportée dans diverses situations. Dès qu’il y a eu des changements, tels que des ailerons, le correcteur d’assiette, des changements de logiciel, j’ai été témoin d’une inertie impressionnante. Le contraire, en fait, de Ducati, surtout dans les années de gestion Dall’Igna. En 2017, alors que les ailerons arrivent par exemple, Suzuki décide de revenir aux carénages traditionnels, mettant de côté le chapitre aéro, tandis que Ducati se présente aux essais avec des carénages aux énormes appendices aérodynamiques. Ce n’est qu’à Motegi, lors de la quinzième manche du championnat du monde, que Suzuki a apporté un nouveau carénage avec les ailerons incorporés. Un assez gros retard. La même chose s’est produite avec le dispositif d’abaissement, par exemple ». C’est cette capacité à se remettre en question qui semble manquer à des Japonais, comme tétanisés par ce qui leur arrive en MotoGP.

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MotoGP Portimao Test J1 : chromos

Crédit classement : motogp.com

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