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VR46 MotoGP

Pecco Bagnaia. Franco Morbidelli. Marco Bezzecchi, Luca Marini, Romano Fenati, Andrea Migno. Quel est le point commun entre tous ces pilotes ? En réalité, ils en ont deux bien distincts, et il est important de le noter. Tous sont italiens, d’une part, et tous sont passés par la fameuse VR46 Academy avant d’arriver en MotoGP, pour les meilleurs. Désormais largement présente en MotoGP, l’équipe Mooney VR46 prospère avec deux vrais talents, mais pourtant, la suite s’annonce très difficile. Il faut qu’elle réagisse, car nous sommes, peut-être, à un tournant pour l’hégémonie des Grands Prix.

 

État des lieux

 

L’équipe VR46, originellement sponsorisée par Sky, fut créée en 2014 afin de promouvoir des talents italiens en Moto3. Cette préférence nationale n’est pas nouvelle en sports mécaniques ; de tous temps, des pays ont monté des structures pour faire percer des jeunes, parfois même, au niveau étatique.

Où sont ces talents ? Les jeunes de l’académie sont désormais diplômés. Tout s’est déroulé comme dans un rêve pour Valentino Rossi ; passage en catégorie intermédiaire en 2017, soit l’année du premier sacre d’un pilote affilié dans cette même catégorie – Franco Morbidelli. Puis, en 2018, premier titre de l’écurie, cette fois, grâce à Pecco Bagnaia toujours en Moto2. Sponsor majeur d’une « demi-équipe » MotoGP en 2021, puis création d’une vraie formation à deux pilotes en 2022, trophée du rookie de l’année pour Marco Bezzecchi et sacre mondial pour Pecco dans la plus prestigieuse des catégories. À l’heure où ces lignes sont écrites, deux des quatre représentants de l’académie sont dans le top 3 du classement général, et un autre, pilote d’usine chez Yamaha. La situation paraît idéale, pas vrai ?

 

VR46 MotoGP

Pecco Bagnaia, le seul pilote titré pour VR46. Ici au Sachsenring en 2017. Photo : Neuwieser.

 

Sauf qu’une inconnue a été oubliée dans l’équation. À chaque fois que l’équipe montait de niveau, elle abandonnait la catégorie précédente sous quelques années. De ce fait, il n’y a plus qu’un seul pilote italien prometteur en Grands Prix.

 

La situation est critique

 

C’est difficile de s’en rendre compte car ils sont sur le devant de la scène en MotoGP, mais dans les catégories inférieures, c’est le néant. Seul Tony Arbolino fait figure d’épouvantail malgré son âge, mais rappelons que lui n’est pas lié, de près ou de loin, à la VR46. Celestino Vietti est le seul jeune attaché à la structure de Rossi, et d’ailleurs, ce dernier vient de signer chez Red Bull KTM Ajo en Moto2 pour 2024. En revanche, après lui, il faut s’accrocher.

C’est simple ; il n’y a qu’un seul autre Italien pilote à plein temps dans cette classe ; Dennis Foggia, rookie chez Italtrans Racing. Mais du côté du Moto3, là où sont formées les stars de demain, c’est encore pire. Le premier Italien ; Stefano Nepa, pointe à la 9e position du classement général ! Derrière, on retrouve Riccardo Rossi, chez Paolo Simoncelli, au 16e rang. Romano Fenati (17e) est sur la fin, cela va sans dire. Vous nous rétorquerez peut-être : « Oui, mais Pecco Bagnaia, Marco Bezzecchi et les autres en MotoGP sont encore jeunes, il y a le temps ». Sauf qu’il n’y a jamais le temps. Le taux de renouvellement des effectifs en Grands Prix est plus élevé que jamais. Franco Morbidelli pourra s’estimer très heureux s’il arrive à dégoter une nouvelle année de contrat, et Luca Marini, mine de rien, peine à convaincre. La situation d’Enea Bastianini (qui n’est pas de la VR46) montre qu’en peu de temps, on peut se retrouver en grande difficulté. Penser que l’Italie a un bel avenir pour cette raison revient à imaginer que la France ne doit pas s’inquiéter car Fabio Quartararo n’a que 24 ans.

 

VR46 MotoGP

Stefano Nepa, chez KTM Angeluss MTA Team, est un bon pilote, c’est certain, mais trop court pour prétendre être la relève. Photo : Angeluss MTA Team

 

Nous n’avons étudié que la partie émergée de l’iceberg. Descendons encore dans les étages, en nous penchant sur les catégories de promotion, au nombre de deux pour les plus réputées. D’un côté, le CEV, transformé en JuniorGP World Championship. Depuis 2019, les Italiens présents dans le top 10 se comptent sur les doigts d’une main. Davide Pizzoli, 10e en 2019, puis parti du côté du Supersport. Filippo Farioli, 3e en 2022, rookie décevant cette saison chez Red Bull KTM Tech3 (26e, une apparition dans les points à l’heure où ces lignes sont écrites). En 2023, Luca Lunetta pointe à la 5e place à deux manches de la fin, et Nicola Fabia Carraro 8e, tous deux décrochés par le nouveau phénomène Ángel Piqueras. Pour rappel, des Italiens se sont imposés de 2015 à 2017, et ils étaient également beaucoup plus nombreux ; le volume a une importance.

Passons désormais à la Red Bull MotoGP Rookies Cup, plus internationale dans son essence, là où le CEV trouve ses racines dans la formation espagnole. Mais le constat est similaire, si ce n’est plus inquiétant. Dans le top 10 depuis 2019, on retrouve Matteo Bertelle, actuellement chez Honda Snipers Team en Moto3 (20e du général), Luca Lunetta et Filippo Farioli. C’est tout. Ils étaient trois dans les dix premiers en 2013, comme en 2014. Ces exemples démontrent que la tendance est avérée, et très alarmante.

 

La VR46 doit nourrir le MotoGP

 

Maintenant, il ne s’agit pas d’accabler la VR46 Academy pour ne pas faire percer des jeunes italiens. Après tout, c’est désormais une grosse machine, aux premiers rangs du plus prestigieux championnat motocycliste du monde. Mais il faut reconnaître que Valentino Rossi est le seul, à l’heure actuelle, à pouvoir entraver une future invasion espagnole, plus importante encore que celle que nous avons connu au cours des années 2000 ! C’est dire la gravité de la situation. Effectivement, l’appellation « VR46 » est apposée sur les machines de Correos Prepago Yamaha VR46 Master Camp en Moto2 cette saison, mais aucun italien sur les deux Kalex-Triumph, et même, un futur talent… espagnol, Manuel González !

 

Celestino Vietti a de bonnes chances d’être titré chez Red Bull KTM Ajo. Photo : Ajo

 

Pour l’hégémonie des Grands Prix, il est essentiel que l’académie fasse son grand retour en Moto3, au plus vite. La décroissance démographique est un phénomène exponentiel, et le modèle s’applique à de plus petites échelles comme en MotoGP. C’est pourquoi une réaction rapide est absolument nécessaire, avant que notre beau mondial se transforme en une coupe d’Espagne dans dix ans, et pour les dix prochaines années encore.

 

 

Nous avons même une piste pour convaincre les décisionnaires, issue d’une situation tout à fait injuste ; Andrea Migno, vainqueur de deux courses en Moto3 et pilote VR46, est actuellement sans guidon. Il avait été appelé par l’équipe CIP Green Power en début de saison afin de palier à l’absence de Lorenzo Fellon, blessé. À 27 ans, pour son retour, il montait sur le podium pour sa première apparition. Ce qui contraste avec les résultats en berne du français ; Andrea peut être une bonne porte d’entrée, pourquoi pas directement en Moto2 au vu de son expérience.

D’ailleurs, la situation est encore plus préoccupante dans l’hexagone mais nous aurons l’occasion d’en reparler.

Étiez-vous au courant de ce phénomène de la plus haute importance ? Aviez-vous remarqué le déclassement de l’Italie dans les petites catégories ? Dites-le nous en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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