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Pecco Bagnaia

Pecco Bagnaia a encore failli depuis la première position. Depuis le moment où ses ailerons latéraux ont rayé le bitume texan, les théories vont bon train concernant ses deux contre-performances consécutives. Nous n’allons pas tant revenir sur sa chute, mais plutôt sur ce qu’elle nous enseigne, car ceci est très intéressant. Comme souvent, nous ne sommes pas d’accord avec la majorité des observateurs et c’est pourquoi nous vous proposons cette analyse à contre-courant, assumée et argumentée, comme toujours.

I) Bagnaia ne tombe pas parce qu’il est en tête, il tombe depuis la tête parce qu’il est toujours en tête.

Cette simple phrase pleine de « tête » résume une bonne partie de notre pensée. Il s’agit de simplement décortiquer le phénomène. Oui, Bagnaia chute souvent. Ce n’est pas une surprise depuis son arrivée en MotoGP lors de la saison 2019. Il finit par terre parce que son style l’impose. L’Italien, à raison, mise sur sa vitesse intrinsèque et sa polyvalence pour performer. Comme Jorge Martín, cela demande beaucoup d’engagement et parfois, ça ne va pas au bout.

D’ailleurs, le « Martinator » aussi tombe souvent. La seule différence avec Bagnaia est que ce dernier est toujours devant, à chaque sortie. Depuis qu’il a compris le fonctionnement de la Ducati Desmosedici GP22 à Jerez l’an passé (soit 20 courses en arrière en comptant les Sprints), il n’y a que deux courses où nous l’avons vu en retrait, au Japon (chute dans le peloton) et à Valence (9e alors qu’il jouait le titre) en 2022.

 

 

C’est difficile de s’en rendre compte, mais hormis ces deux occurrences, l’Italien est constamment aux avant-postes, qu’il chute ou non. Nécessairement, quand il en fait trop, il tombe depuis les premières positions, rien de plus logique, c’est pourquoi cela se remarque plus.

II) Un problème de pression ?

Cet argument, aujourd’hui, ne tient plus vraiment. Dire d’un pilote qui a remonté un déficit de 91 points, en bataillant contre des adversaires aussi coriaces que Enea Bastianini en un contre un (Misano, Aragón et Sepang 2022) qu’il tombe sous la pression d’Álex Rins paraît difficile à croire. D’ailleurs, au moment de sa chute en Argentine comme aux États-Unis, il était dans une phase pro-active de sa course (notez l’écart sur Rins au moment de la chute).

III) Ce n’est pas grave

Du moment qu’il ne se blesse pas, ces chutes n’ont pas tellement d’incidence. Principalement pour deux raisons ; cette année, beaucoup tombent et aucun pilote ne semble vraiment vouloir prendre la tête du classement général. Avec trois vainqueurs en trois courses, on se dirige vers une saison avec un total de points marqués historiquement faible, comme depuis quelques années. Ce phénomène est appuyé par les Sprints, qui offrent tout de même 25 % de tous les points disponibles.

 

Pecco Bagnaia

Le nouveau roi des Sprints ? Photo : Michelin Motorsport



Ainsi, en ayant chuté deux fois le dimanche en seulement trois Grands Prix, Bagnaia est toujours deuxième du général à seulement 11 points du leader Marco Bezzecchi, que l’on imagine pas tenir à cette position à mesure que la GP23 va s’améliorer.

La deuxième raison est d’autant plus évidente. Pour l’instant, Pecco Bagnaia est un ton au dessus en termes de pilotage. Ce qu’il réalise en qualifications est ahurissant, idem lors du Sprint. Nous ne le dirons jamais assez : La vitesse est largement plus importante que la régularité. Dans cette nouvelle ère, vous pouvez vous permettre cinq, six et peut-être sept chutes lors des courses et quand même prétendre à la couronne mondiale, du moment que vous avez la vélocité pour compenser. Ce paramètre est trop important pour être négligé, et c’est pourquoi nous ne sommes pas inquiets pour Pecco Bagnaia. Son profil est tellement rare : Il fait partie de cette caste de pilotes qui peuvent s’imposer quatre fois d’affilée et mettre tout le monde d’accord.

IV) Ne pas se laisser avoir

Nous ne sommes pas en train de dire que ces chutes n’ont absolument aucun effet sur Pecco Bagnaia. Oui, si jamais un rival pointe le bout de son nez à mi-saison et se met à rouler comme l’officiel Ducati le fait, cela pourrait devenir un problème. Mais nous ne l’imaginons pas une seule seconde, au moins, pour le moment.

En revanche, Pecco doit faire attention à la dimension psychologique, tellement importante dans le sport moderne. Le piège serait de se dire qu’effectivement, ces échecs ont un impact négatif sur son classement, le forçant à ralentir pour éviter de tomber. Il doit faire l’inverse, soit exactement ce qu’il avait réalisé en 2022 : aller encore plus vite.

Aucun pilote n’arrive à se créer une dynamique positive à partir d’une chute comme « Go Free ». L’an dernier, il est revenu de plusieurs désillusions consécutives : zéro pointé en Catalogne puis en Allemagne, suivi de quatre victoires de rang avec 91 points de retard sur Fabio. C’est pour cette raison que l’équipe Ducati doit continuer à lui faire confiance sans sourciller. Dès qu’il ralentira pour assurer, alors il ne sera plus le même pilote et c’est à cet instant que ses chances de titre seront compromises.

Vous l’aurez compris, nous sommes optimistes car quoi qu’on en dise, aucun autre pilote n’est aussi rapide et constant dans la performance que lui. Qu’en pensez-vous ? A-t-il déjà grillé toutes ses cartouches ? Subit-il encore la pression ? Dites-le nous en commentaires !

 

Il est le seul à pouvoir se stopper. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

 

 

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