Ce sont des mots prononcés par Pit Beirer, et donc par KTM puisque l’intéressé est le patron de la compétition pour le trigramme autrichien, que l’on attendait depuis un bon moment. Car l’impression laissée jusque-là – et surtout depuis le cas Remy Gardner, passé en un an du statut de Champion du Monde de Moto2 à un paria « pas assez professionnel » dans sa saison de rookie en MotoGP – était qu’à Mattighofen on traitait les pilotes que sa filière avait révélés comme du consommable. Les tuniques orange reconnaissent enfin avoir trop pressé leurs pourtant authentiques espoirs au point de les vider de leur jus avec les conséquences que l’on sait en termes d’image. Faute avouée à moitié pardonnée ?
C’est une mise au point qui fait du bien de la part de Pit Beirer, patron des sports chez KTM qui s’est ouvert, sur Autosport, sur les récents et successifs échecs de la montée en MotoGP des pilotes pourtant formés par la marque, qui a été synonyme, en quelques mois, de descente aux enfers. Une précipitation dommageable qui appellera à l’avenir à plus de discernement. Beirer déclare ainsi : « si vous entrez dans la catégorie MotoGP, vous êtes sous pression » commence-t-il avant de reconnaître : « et personnellement, je pense que nous avons trop rapidement poussé de grands pilotes Moto2 vers le MotoGP ».
Il ajoute aussi : « je pense que les choses sont allées un peu trop vite pendant la scolarité : Rookies Cup, Moto3, Moto2 et ces jeunes talents ont traversé ces classes comme des fusées, mais ensuite le MotoGP est un autre monde ». 2023 marquera donc une nouvelle approche dont le produit témoin sera Augusto Fernandez. Comme Remy Gardner qu’il remplace dans les rangs de Tech3, il déboule avec le statut de Champion du Monde Moto2 acquis chez Ajo. Mais il n’a qu’un contrat d’un an, soit fin 2023, alors que ses équipiers de marque Brad Binder, Jack Miller et Pol Espargaró, sont certains de leur avenir jusqu’en 2024. Année où Pedro Acosta laissé chez Ajo KTM est attendu en MotoGP…
Pit Beirer KTM : « notre motivation n’est pas de remplacer Augusto Fernandez après un an«
Vu comme ça, on craint le pire pour Augusto Fernandez, mais Pit Beirer semble déjà sur le dossier… « Notre motivation n’est pas de remplacer Augusto après un an. C’est plutôt une motivation pour garder Pedro calme et le développer en tant que futur talent. C’est un futur diamant dans ce paddock, c’est clair. Mais je pense que nous ne devrions pas nous précipiter pour le mettre en MotoGP » dit-il. « Nous ne voulons pas parler maintenant de ce que Pedro peut faire l’année suivante et s’il est prêt à aller en MotoGP ».
On repousse donc un sujet qui s’imposera tout de même assez vite car le même Pedro Acosta a déjà repoussé une offre pour arriver en MotoGP en 2023, faite par Honda… Qui reviendra assurément à la charge. Nous verrons alors si KTM gardera son nouveau cap, où si la pression de la concurrence amènera à la même situation qu’avec Augusto Fernandez, promu précipitamment pour le garder dans la famille. On connait la suite : une saison ratée et un départ vers d’autres cieux tout de même, en l’occurrence RNF Aprilia. Remy Gardner sera quant à lui un pilote Yamaha en WSBK, catégorie où il retrouvera un déçu de la filière autrichienne Iker Lecuona, aujourd’hui officiel Honda dans la catégorie.
Pendant ce temps, KTM a recruté des pilotes à l’expérience avérée que sont Jack Miller et Pol Espargaró, ce dernier revenant finalement au bercail, le tout identifiant Brad Binder comme désormais l’ancien du projet RC16. Le Sud-Africain montre aussi que la filière KTM peut marcher, comme l’a aussi démontré Miguel Oliveira, dont la gestion durant le marché des transferts l’a cependant convaincu d’un départ vers RNF Aprilia. Ce n’est décidément pas facile de gérer les pilotes, rookies ou moins jeunes…
