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Profitant de la pause forcée des pilotes MotoGP et d’une actualité sportive fortement moins fournie, nous vous proposons une galerie des principales personnalités francophones du paddock qui, chacune, représente un des innombrables rouages indispensables au somptueux spectacle que sont les Grands Prix.

On entend souvent parler de l’armada espagnole ou des troupes italiennes, mais vous allez découvrir que la colonie francophone, plutôt nombreuse et très unie, n’a pas à rougir de la comparaison.

Dans la lumière ou plus dans l’ombre, prolixe ou plus discret, chacun de ces hommes nous a partagé avec plaisir son univers et son actualité, avec toujours la même passion comme dénominateur commun.

Peu à peu, vous pourrez donc ainsi un peu mieux savoir qui sont, et ce que vivent aujourd’hui, par exemple Claude Michy, Piero Taramasso, Hervé Poncharal, Éric Mahé, Nicolas Goubert, Bernard Ansiau, Guy Coulon, Christophe Bourguignon, Florian Ferracci, Christophe Léonce, Jacques Roca, Marc van der Straten, Miodrag Kotur, Alain Bronec, Jacques Hutteau, Michel Turco, David Dumain, Michaël Rivoire, et bien d’autres.

Cette longue série d’interviews sera tout d’abord diffusée sur le site officiel MotoGP.com dans une version peaufinée, avant d’être accessibles ici dans leur version brute.

Ainsi, au moment où reprendront les Grands Prix MotoGP, vous serez presque incollable sur la partie francophone d’un paddock particulièrement cosmopolite…


Michel Turco, journaliste pour Moto Revue, GP Racing et ponctuellement pour l’Équipe.

Quelle est votre année de naissance ?

« 1964 »

Comment le jeune Michel Turco a attrapé la passion des sports mécaniques ?

« Je suis né à Toulon et mon parrain m’emmène au circuit Paul Ricard pour voir mon premier Grand Prix en 1975. J’ai neuf ans et je vois Johnny Cecotto qui gagne : aujourd’hui, je me rappelle encore de l’odeur de huile de ricin et les images sont encore précises de ce que j’y ai vu. Ces premières émotions ont fait que la passion s’est construite, jusqu’à la course suivante, en 1979, au Bol d’Or. Là, à 14 ans, j’y monte avec des copains pour voir Pons-Asami sur la Yamaha 0W31 et Leon-Chemarin sur la Honda. J’en prends plein les yeux ! J’ai 14 ans, mon 103 Peugeot et je me débrouille pour me procurer Moto Revue et Moto Journal tous les jeudis. Je suis les courses à fond et je veux devenir pilote ! En attendant, on bricole les Mobs dans le garage. »

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ?

« Je rentre à l’École Normale d’Instituteurs en 1984 puis, grâce à mon salaire, je fais la coupe Yamaha en 1985 avec Jean-Philippe Ruggia qui est mon voisin. En 1986, je fais un peu de championnat de France sans trop de moyens et sans trop de résultats, et je me dis que ce n’est pas peine de continuer à faire de la moto car je n’y arriverai pas. Mais pour rester dans ce milieu, j’envoie un courrier à Bruno Gillet qui est journaliste à Moto Journal et dont je lis les papiers toutes les semaines et que j’adore. Je deviens alors une sorte de correspondant local en faisant des piges pour Moto Journal : le Bol d’Or en 1987 puis un peu de championnat de France et des séances d’essais au Paul Ricard. »
« En 1990, il y a eu pas mal de changements à Moto Journal : le rédacteur en chef, Reynald Lecerf, part à Moto Revue puis m’appelle durant l’été pour me proposer de faire les Grands Prix avec Patrick Curtet comme photographe. C’était en 1991 : je me mets en disponibilité par rapport à mon métier d’instituteur et c’est parti, principalement pour les éditions Larivière, mais aussi avec quelques collaborations extérieures, presse quotidienne pour L’Equipe, en TV pour Eurosport où j’ai assuré le rôle de pit-reporter durant plusieurs saisons, et, aujourd’hui avec Eurosport Events en post-production sur le championnat du monde d’endurance. J’ai aussi écrit plusieurs livres, comme des biographies de Valentino Rossi, ou encore le Livre d’Or de la moto qui résume la saison écoulée. ».

Durant tout ce parcours, quels ont été les moments les plus difficiles ?

« Il y a toujours de bons et de mauvais souvenirs, les saisons sont plus ou moins intéressantes et c’est parfois pesant d’être sans cesse parti, mais franchement, il n’y a eu aucun moment où j’ai eu envie d’arrêter. Forcément, quand un pilote se tue, c’est toujours extrêmement dur, surtout quand tu as de bonnes relations avec lui. Pour Marco Simoncelli, j’ai vécu ça en direct car j’étais au micro HF à ce moment-là : je pleurais devant le centre médical, Régis Laconi pleurait aussi dans le studio d’Eurosport à Issy-les-Moulineaux. Je n’oublierai jamais. Daijiro Kato, en 2003, je le connaissais moins, Shoya Tomizawa très peu, donc c’était différent, mais je me souviens de Nobuyuki Wakai en 1993, qui était à l’époque avec toute la bande des Japonais chez Tech3, et donc qu’on voyait régulièrement. En plus, ça c’est passé sous mes yeux, alors que j’étais en salle de presse à Jerez… Et puis il y a eu l’accident de Wayne Rainey qui m’a marqué à jamais. C’était le premier grand champion que j’avais eu en interview en décembre 1990, au ranch de Kenny Roberts à Modesto. »
« Quand tu as la chance de côtoyer ces mecs, et que du jour au lendemain il y en a un qui est gravement blessé ou qui n’est plus là, c’est forcément des moments où tu te demandes ce que tu fais là. Mais avec le temps, la passion reprend le dessus. »

A l’inverse, y a-t-il eu des moments particulièrement forts qui vous ont tiré des larmes de joie ?

« Des larmes de joie peut-être pas, mais des souvenirs merveilleux, oui. Les victoires de Ruggia avec l’Aprilia en 93. Le titre d’Olivier Jacque. Je me souviens de ses débuts en 1995, quand il arrive avec la RS Kit en Australie. Là, tu te dis que tu vas vivre un truc fort ! Et ce qu’a fait Fabio Quartararo cette année, c’est génial ! Tout comme les débuts de Johann Zarco en MotoGP ! En ce qui me concerne, malgré l’usure du temps que je peux parfois ressentir, je me dis que j’ai la chance de vivre un moment extrêmement fort de la vitesse française. On ne peut pas parler de renouveau car si tu enlèves ces deux mecs, il n’y a personne derrière, mais on n’a jamais eu un mec avec autant de talent que Fabio ! Et quand Johann est arrivé en catégorie reine et a cassé la baraque, c’était génial aussi ! Ça, ce sont de vrais moments forts. »
« Après, sur un plan plus personnel, devenir pote avec ceux qui m’ont fait rêver à mes débuts.Quand je suis arrivé, j’avais 26 ans. À l’époque, les stars s’appelaient Doohan, Rainey, Schwantz, et n’étaient pas faciles d’approche d’autant que mon anglais était très médiocre. Les relations étaient compliquées et ils t’envoyaient vite te balader. Mais avec le temps, on est devenu potes et je vais parfois chez eux. Être devenu plus proche de ces gens-là, c’est une chance et une sorte de satisfaction personnelle, car ils m’ont fait rêver quand j’étais gamin. Ce sont des moments où tu es assez fier. »

Pouvez-vous dresser un bilan de cette saison 2019 ?

« Sur le plan personnel, en tant que journaliste, on a la chance de vivre dans une salle de presse où il y a une bonne ambiance entre tout le monde. Je ne connais pas les autres sports mais quand les journalistes d’autres sports viennent ici, ils sont surpris de la fraternité qui règne chez nous : on s’échange souvent des infos entre collègues de nationalités différentes, même si, forcément, il y a toujours une petite rivalité entre ceux qui veulent une exclusivité. Mais globalement, tout le monde s’aide, et c’est plutôt sympa : ça participe aussi à l’envie de continuer. »
« Sur le plan professionnel, je déplore forcément que Moto Revue soit passé mensuel. Aujourd’hui, l’avenir n’est pas très clair car on est aussi dans une époque où le métier évolue, avec des supports qui ont un peu du mal à trouver leur place. Ça c’est le côté négatif de ce qu’est aujourd’hui notre boulot. »

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?

« On espère déjà continuer à être là (rires). Donc on espère voir Fabio se battre pour le titre et Johann refaire surface. On aimerait bien que Marc Márquez gagne un peu moins de courses et laisse un peu la place aux autres. »

Quel est votre moyen de déplacement au quotidien ?

« Je vis à Paris donc je roule avec un scooter Honda 300 Forza, et sinon j’ai un Scrambler Ducati que j’utilise dans le sud de la France pour aller me balader. C’est une moto que j’adore et que j’ai découvert à l’occasion de sa présentation mondiale en Californie. J’y étais allé pour faire un papier pour Moto Revue Classic et je suis tombé amoureux de cette petite moto ! J’ai aussi la chance d’avoir un pote qui s’appelle Bernard Garcia et qui me propose régulièrement de faire un coup de circuit dans le cadre des stages 4G. »

*Interview recueillie lors du GP à Valencia


Dans la même série, retrouvez les interviews exclusives d’Hervé PoncharalClaude MichyPiero Taramasso, Christophe Bourguignon, Éric Mahé, Marc van der Straten,  Nicolas Goubert, Guy Coulon, Christophe Léonce, et Jacques Roca.