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Ducati

Cette saison de MotoGP a bel et bien consacré un pilote Yamaha en la personne de Fabio Quartararo, mais tout le plateau ne parle pourtant que du niveau de la Ducati. A tel point qu’elle est réclamée comme référence à prendre par les champions qui envoient ainsi des messages clairs à leurs ingénieurs. Pour faire court, ils veulent une copie à l’identique dès que la rentrée des classes aura sonné, en février prochain, du côté de Sepang. Les premiers tours de roues 2022 se dérouleront en effet en Malaisie avec deux jours de tests. Reste qu’une moto est le fruit d’une longue évolution. La GP21 n’a pas été touchée par une grâce divine d’un dieu de la vitesse. Pendant ce temps, celui qui a été le fer de lance du projet de Borgo Panigale depuis 2013 rame aujourd’hui à trouver ses marques sur une Yamaha. D’où cette question : et si la Ducati avait toujours été la meilleure moto à la recherche de son pilote ?

Si tel est le cas, cette saison 2021 aura été, de ce point de vue, une révélation, puisque ce n’est pas un, mais cinq pilotes qui s’y sont accordés avec la Desmosedici. Seulement trois fois, en 18 Grands Prix, Ducati n’a amené personne sur le podium ou en pole position. Paradoxalement, la première fois était au Mugello, qui dans un passé récent avait été la forteresse imprenable de l’armée rouge. Mais c’est aussi arrivé sur des pistes où Ducati n’avait jamais brillé : Assen et Silverstone. Le titre des constructeurs est venu grâce aux résultats de cinq pilotes. Parmi eux, trois ont remporté des Grands Prix : Pecco Bagnaia, Jack Miller et Jorge Martin. Une première historique pour Ducati. Johann Zarco et Enea Bastianini montaient quant à eux sur le podium. Au bilan, il y a aussi 11 pole positions, un autre record pour le constructeur bolonais, avec Bagnaia, Martin et Zarco, ce qui en dit long sur la valeur du GP21.

Un tir groupé qui n’a échappé à personne. A commencer par l’officiel Honda Pol Espargaró qui dit tout de go : « la Ducati est clairement la meilleure moto sur la grille. Les pilotes avec des styles de pilotage complètement différents et les pilotes avec des combinaisons de pneus différentes peuvent être rapides, gagner des courses ou monter sur le podium ». L’Espagnol souligne aussi : « ce n’est pas seulement vrai en course, il suffit de regarder la Q2, où Ducati est terriblement efficace en phase d’attaque du chrono. Et ses pilotes ne tombent pas quand ils donnent tout sur le tour lancé ».

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, Jerez MotoGP™ Official Test

Ducati va mieux sans Dovizioso mais le contraire n’a pas été vérifié

Ducati, pour 2021, avait décidé de faire en quelque sorte table rase du passé. La vieille garde, pour ainsi dire, composée de Petrucci, mais surtout de Dovizioso, en service pour 2013, s’était vu signifier son congé. Et force est de constater qu’avec une nouvelle génération, l’embellie est arrivée. Pendant ce temps, le duo précité souffrait à trouver leurs marques sur des machines d’un autre constructeur. Si le cas de Petrux peut aussi être mis sur le compte d’une RC16 rétive, celui de Dovizioso pose question au guidon d’une Yamaha qu’il dit clairement ne pas être en mesure de mener instinctivement.

Mais Petrucci comme Dovizioso ne sont pas des exceptions. Dans l’histoire, la vie après Ducati s’est révélée compliquée pour les pilotes. « Si on regarde les statistiques, c’est vrai que nos pilotes ont eu du mal à s’habituer aux motos de nos adversaires » analyse Gigi Dall’Igna. « J’ai du mal à donner une raison à cela. Du reste, il est vrai également que Jorge Lorenzo, par exemple, a eu du mal lui aussi à s’adapter à la Ducati quand il est arrivé d’une moto différente de la nôtre. Mais il est vrai aussi qu’il a réussi à s’adapter et qu’il a fait une dernière partie de saison vraiment brillante sur notre moto ».

Qu’en dit Dovizioso ? Pas grand-chose… « Si vous voyez toujours beaucoup de pilotes Ducati au sommet, cela montre que quelque chose s’est passé. Ce n’était pas le cas à l’époque. Je pense qu’ils ont fait du bon travail ».  Alors, qui de la moto ou du pilote fait véritablement la différence ? La synthèse vient sans doute d’un Casey Stoner. Le double Champion du Monde avec deux marques différentes, Ducati et Honda, fait cette évaluation : « je ne suis pas dans leur situation personnelle ou dans leur esprit, mais chacun a sa propre façon de s’adapter. Pour beaucoup, ils aiment faire beaucoup de tours et gagner en sensations, ils aiment que ce feeling vienne à eux. Moi, je n’ai jamais voulu ça », a-t-il expliqué. « Je savais comment être rapide avec pratiquement toutes les motos. Je savais que si je freinais à tel endroit, je pouvais faire les choses avec une relative facilité, et ce jusqu’au gain de la dernière seconde, disons. On peut assez facilement en arriver à ce stade-là, et ensuite il s’agit juste de peaufiner et d’essayer de comprendre ce qu’il faut changer sur soi-même ».

MotoGP: Ducati, una stagione a metà del sogno

Casey Stoner repose les bases et avait le même chef mécanicien que Bagnaia aujourd’hui

Casey Stoner révèle : « je crois que la plus grosse chose que j’ai faite et que les autres ne font peut-être pas, c’est que j’étais plus que content de devoir m’adapter. Il y a beaucoup de pilotes qui sont là et qui disent ‘la moto ne me convient pas, elle ne correspond pas à mon style, elle ne fait pas ce que je veux’. Mais soit vous arrivez à lui faire faire ce que vous voulez, soit c’est à vous de faire ce qu’elle veut ».

« Il y a toujours du positif dans toutes les motos. Elles se pilotent toutes différemment, elles ont toutes leurs forces et leurs faiblesses. Tout est une question de compromis en termes de set-up, un compromis entre comment vous voulez que soit la moto et comment elle doit être pilotée. Il y a donc beaucoup d’éléments qui font qu’il est difficile de s’adapter, mais à mon sens le plus important c’est que je n’avais pas la fierté de dire que je voulais que tout fonctionne pour moi. J’avais toujours envie de travailler avec la moto et d’essayer de comprendre ce qu’elle voulait. Et mon ingénieur était aussi très, très bon. J’ai toujours été très content avec Cristian Gabarrini, c’était bien de travailler avec lui en ce sens » termine Casey Stoner.

Cette dernière remarque est pour le moins intéressante lorsque l’on sait que le même Cristian Gabarrini est aujourd’hui le chef mécanicien d’un certain Pecco Bagnaia. On rappellera le parcours de l’Italien dès son premier succès acté :  pole à Aragon, Misano 1, Austin, Misano 2 et Portimao 2. Victoire en Aragon, Misano 1, Portimao 2 et Valence, un autre podium au Texas. 2022 devra être l’année de l’assaut sur le titre pilotes, le rêve de Ducati depuis 2007. Et peut-être que Dall’Igna a enfin trouvé le pilote avec qui atteindre l’objectif en MotoGP.

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