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Vingt-sixième à Losail et à Termas de Rio Hondo, le jeune Italien de l’équipe Tech 3 a péniblement commencé son année de rookie sur sa nouvelle KTM à moteur Triumph. Dire qu’il a nettement progressé au Texas peut sembler paradoxal à la lecture des résultats qui précèdent, mais pourtant il y a eu beaucoup de positif aux États Unis quand on regarde bien les chiffres.

Au Qatar, Bezzecchi était à 2.2 du premier à l’issue des essais libres, puis à 1.3 en Argentine. Pour ce qui est des qualifications, il ne participait pas à la Q2 lors des deux premiers GP, puis s’y qualifiait douzième à Austin lors du troisième Grand Prix.

En course, 26e et dernier à 1’35 au Qatar, il terminait 16e à 35.3 en Argentine.

Quel aurait été son classement s’il n’était pas tombé dimanche à Austin ? On ne le saura jamais, mais je vous propose un jeu pour en avoir une idée. Sachant que Marco est tombé au 12e tour à Austin, où en était-il à la fin du 11e lors des trois premiers Grands Prix ?

Au Qatar, il était à 1’21.8 du leader  à la fin de cette onzième boucle. En Argentine, il était à 13.1 (sur un circuit de 4,806 km) et à 15.1 au Texas (sur une piste de 5,513 km).

Florian, comment se sont déroulés les deux séances d’essais libres du vendredi ?

« Les deux premières séances se sont plutôt bien passées. On a surtout beaucoup travaillé sur le style de pilotage, car c’est un circuit exigeant, essentiellement dans le secteur 1 (Ndlr : qui figure en jaune sur le plan du circuit en bas de cette page). Avec une nouvelle moto, pour lui ça a été la partie la plus compliquée parce que si tu n’as pas la bonne trajectoire à la sortie du premier virage, après tu te retrouves pénalisé ».

« Donc il y avait du travail à faire là-dessus. On a fait un chrono honorable en FP2, et on en était satisfait parce que l’évolution entre la FP1 et la FP2 a été importante. C’était de bon augure pour la suite ».

La suppression de la troisième séance d’essais libres (pour cause d’orage) a-t-elle été un gros inconvénient ?

« Ça n’a pas été un gros inconvénient dans la mesure où ça a été pour tous les pilotes la même chose. Bien sûr, Marco étant rookie, on aurait apprécié une séance supplémentaire sur ce circuit, qui n’aurait pu être que bénéfique ».

« Une séance de plus aurait été appréciée car il faut tenir compte du fait que cette année les qualifications se déroulent sur des séances d’un quart d’heure, donc on n’a pas alors le temps de vraiment travailler sur la moto. Il est vrai qu’une séance supplémentaire aurait été un petit plus pour nous. »

Après la quatrième place en Q1, la première participation à la Q2 s’est-elle bien déroulée ?

« Ça s’est bien déroulé mais c’était une première pour nous. Enchaîner Q1-Q2 est assez stressant puisqu’il n’y a que quelques minutes entre les deux. Le temps que le pilote rentre, débriefe, il faut déjà repartir. Cela demande beaucoup de préparation ».

« Il faut que le pilote reprenne son souffle avant de repartir pour la Q2, et qu’il soit relâché parce qu’il ne faut pas sur ce circuit être tendu pour faire un chrono. C’est le paradoxe : il faut pousser, mais ne pas être tendu ».

« Il l’a très bien fait. On visait forcément la Q2. En fait honnêtement on la visait après la FP2 parce que la météo prévoyait de la pluie à coup sûr pour la FP3, même si on ne savait pas encore que celle-ci serait annulée ».

« On a été très satisfait de la qualification lors de la Q1, puis de la performance en Q2. Il a fait un bon chrono après avoir mis deux ou trois tours pour se mettre dans le rythme, parce que justement il n’était pas assez relâché. Il a fait des erreurs car il y avait du vent, et d’ailleurs ceux qui n’avaient pas fait la Q1 ne s’y attendaient pas. Ça a donc été bénéfique pour nous d’avoir fait la Q1 malgré tout. »

On a eu l’impression que la moto a développé en course un chattering énorme après quelques tours (on voyait à la télé la roue avant qui rebondissait énormément) et que c’est ça qui a fait perdre l’avant à Marco. Est-ce ce qui est arrivé réellement ?

« Oui, tout à fait, c’est ce qui s’est passé. En fait, c’est un problème récurrent avec cette moto. Dès que le pilote est tendu sur la moto, on a cette conséquence. Il a fait des chronos très rapides en course et ça a recréé du chatter en augmentant le rythme. On repousse le chatter avec les réglages, avec le style de pilotage, mais c’est une caractéristique de la moto ».

« Marco n’a pas fait d’erreur. Sa chute n’était pas de sa faute. Il n’était pas au-dessus de son niveau. Nous on fait tout pour améliorer ce problème de chatter, avec l’aide de KTM ».

« Malheureusement on n’a pas marqué de points alors qu’il était onzième ou douzième. C’était déjà honorable ».

Cette question de chattering mise à part, on a eu l’impression que Marco avait progressé en matière de pilotage et de maîtrise de sa KTM Moto2. Est-ce également ton point de vue ?

« Oui, il a beaucoup évolué en termes de pilotage. Comme je le disais précédemment, c’est une moto exigeante pour ce qui est du pilotage, donc il faut être précis parce qu’on ne peut pas tout compenser par les réglages, et ça il l’a bien compris ».

« Il est arrivé à régler des problèmes par lui-même, et nous l’avons aidé grâce à l’acquisition de données. Maintenant il arrive à bien faire tourner la moto sur les gaz. Il anticipe mieux le comportement de la moto, donc il bouge mieux son corps. Ça c’est un gros progrès ».

« Il fait de gros efforts. Malheureusement ça n’a pas encore payé en termes de points, mais quand on regarde sa progression depuis le début de l’année – et surtout sur ce circuit – c’est vraiment bien ».

Il y a maintenant trois semaines avant Jerez et cinq avant Le Mans. Comment penses-tu que Marco va évoluer pour son retour en Europe ?

« On va continuer de progresser de cette manière. Il a bien fait évoluer son style de pilotage à Austin, donc il faut qu’il continue sur cette lancée. On a des idées de réglages pour Jerez afin de réduire un peu ce chatter. On ne pourra pas le faire disparaître complètement, mais c’est l’objectif. Avant c’était plutôt son pilotage qui limitait, mais c’est ce problème technique que désormais nous nous efforçons de résoudre ».

Bezzecchi, Moto2 race, Grand Prix Of The Americas 2019

Photos © Red Bull KTM Tech 3

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