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En arrivant dimanche matin tranquillement dans la voie des stands, Pit Beirer, Directeur de la Compétition chez KTM, eut la surprise que quelqu’un lui tende un micro en lui demandant quel était le problème des KTM Moto2. « C’est plutôt brave de ma part d’arriver ici pendant le warm-up Moto2 » fut sa première réponse.

Il aurait bien éconduit n’importe qui, mais il avait là affaire à Simon Crafar, le commentateur officiel de Dorna dans les stands, en direct (pour les détenteurs du Vidéopass). Et le patron de la course chez KTM ne pouvait pas se permettre d’envoyer promener le représentant de l’organisateur du Championnat du Monde. La réponse fut donc intéressante, et on ne peut que féliciter Crafar (vainqueur du British Grand Prix en 500 en 1998) pour son audace et son professionnalisme.

La situation de KTM au Championnat du Monde constructeurs en Moto2 n’est pas des plus faciles actuellement, avec la troisième position assez loin de Kalex et de Speed Up, sans aucune victoire ni même aucun podium en 7 Grands Prix.

Pourtant neuf pilotes disposent de ces machines : Binder, Martin, Roberts, Bezzecchi, Tulovic, Cardelus, Dixon, Lecuona et Öttl. Au Championnat pilotes, Brad Binder est le mieux placé en neuvième position avec 44 points, contre 111 au leader Álex Márquez. Les équipes disposant des partie-cycles autrichiennes sont donc moyennement satisfaites.

« C’est un moment difficile pour nous, a estimé Pit Beirer. Alex (Baumgaertel) de Kalex fait un travail fantastique. Speed Up également. Nous travaillons aussi mais ne sommes pas encore à même de monter sur le podium ».

« Vous faîtes du bon travail en MotoGP, en motocross et en supercross, vous êtes en tête du Championnat du Monde Moto3. Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas en Moto2, commentait Simon Crafar. Mais les team managers ne sont pas forcément patients, et une mauvaise saison peut ruiner la carrière d’un pilote. Je voudrais savoir ce que vous pensez franchement de cette situation ».

« Je ne me sens pas très bien, je ne suis pas où j’aimerais en être à l’heure actuelle, des équipes viennent faire confiance à KTM et il faut que nous améliorions, a expliqué Beirer. Nous avons fait des progrès en MotoGP, nous avons travaillé des semaines, des mois dans ce but. En Moto2 nous avons compris assez tard que nous avions un problème et nous avons essayé de réagir très vite pour Jerez ».

« On a réussi avec le nouveau châssis à supprimer le chattering à l’avant, mais par contre on a perdu le grip à l’arrière, sans que nous puissions décider ce qui était le pire. Il a été prouvé qu’on ne peut pas trouver une solution rapide et qu’on a besoin de retourner à l’atelier pour travailler sur l’ensemble du châssis et de ses composants ».

« Si on avait pu trouver une solution efficace rapide, on l’aurait déjà fait. Ce que nous apprenons en MotoGP, bien sûr nous pouvons l’utiliser pour la machine de Moto2. Maintenant qu’on a bien travaillé sur la MotoGP, c’est au tour de la Moto2 ».

« Alex (Baumgaertel) de Kalex m’a dit que vous avez un soutien financier important et que vous y arriverez. Si vous regardez la situation en prenant du recul, le changement de moteur en passant au Triumph n’a-t-il pas été le moment idéal pour concevoir quelque chose de neuf ? »

« Oui, c’est un fait que le nouveau moteur a complètement changé la moto. Mais Alex a disposé de la même période pour concevoir sa moto. Ce n’est donc pas une question de temps ou d’argent. Chez nous dans le groupe qui s’occupe de la Moto2, beaucoup doivent apprendre et progresser car nombreux sont ceux qui viennent de la Moto3. Il y a beaucoup de nouveaux gars, sans compter ceux qui, en Moto3 actuellement, luttent contre Honda. Et nous sommes très compétitifs contre Honda dans cette catégorie ».

« Donc en Moto2, oui, nous devons accepter que nous ne sommes pas au top niveau et que nous devons améliorer. Il nous faut peut-être recruter des gens venant de l’extérieur ».

« Nous devons régler ce problème, ce qui est beaucoup moins facile que certaines personnes ne peuvent l’imaginer. Depuis des années, des constructeurs ont essayé de battre Kalex et sont rentrés penauds à la maison ».

« Nous ne sommes pas dans une situation où nous sommes assis sur un canapé en train de donner de l’argent à quelqu’un en lui demandant de nous construire une moto capable de battre la Kalex. Ce n’est pas aussi simple que ça ».

« Nous avons une vieille moto et deux nouvelles, l’une avec un meilleur avant sans chattering, l’autre avec un meilleur arrière avec plus de grip. Maintenant il nous faut tirer le meilleur de tout ça, quitte à essayer des choses extrêmes ».

« Il n’y aura pas de solution pour la prochaine course, mais, dans quelques GP, nous serons à même d’amener un nouvel ensemble complet, sur lequel nous travaillons en ce moment ».

Photos © Gold and Goose pour KTM