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Paolo Ciabatti

C’est un procès qui est fait à Ducati qui pose question sur la bonne foi des détracteurs quand ce n’est pas jusqu’à s’interroger sur leur capacité à comprendre leur environnement. Il consiste à camoufler la preuve flagrante de leur échec face à un solide adversaire en une sorte de scandale de voir autant de ses motos sur la grille de départ. Or, le paddock est un marché libre au sein duquel chaque équipe peut dépenser son argent pour s’offrir la machine lui garantissant le meilleur résultat avec l’intendance la plus efficiente. Une demande à laquelle seul Ducati a pu répondre, parce qu’en plus de geindre, les contempteurs sont incapables de proposer aux teams privés leur propre produit. Par ailleurs, il faut aussi rappeler l’histoire récente pour définitivement se persuader qu’il faut un certain culot pour la ramener sur le sujet, et l’homme de Ducati Paolo Ciabatti ne s’est pas privé de le faire avec celui d’Aprilia, Massimo Rivola…

La saison 2023 de MotoGP commencera ce week-end avec le Grand Prix du Portugal à Portimao, mais elle a déjà cours dans les coulisses depuis qu’il est à présent clair que Ducati a tout ce qu’il faut pour s’ouvrir une ère de domination en MotoGP, jusqu’à au moins le nouveau règlement attendu pour être appliqué en 2027. Et si certains trouvent cela regrettable ou trop longs, Paolo Ciabatti, le directeur sportif de la marque de Borgo Panigale, rappelle quand même ceci : « j’ai respecté les opinions des différentes personnes » dit-il sur Speedweek, « mais nous nous souvenons des moments du Championnat du Monde 500cc où Suzuki, Yamaha ou Honda dominaient, quand Eddie Lawson, par exemple, remportait quatre titres et Mick Doohan même cinq titres d’affilée. Eh bien, c’était le passé ».

Il met en perspective qu’il y a toujours eu des cycles dans cette compétition : « il y a toujours des phases dans le sport mécanique dans lesquelles une marque domine une certaine série de courses. Je me souviens seulement du Championnat du Monde Supersport, qui correspondait ces dernières années à une Coupe Yamaha avec la R6 », précise Ciabatti qui prend déjà les devants sur les critiques qui ne manqueront pas d’arriver aussi de cette catégorie où, à présent, Ducati gagne avec la Panigale V2. Mais ce rappel général fait, c’est ensuite sur Massimo Rivola, général en chef d’Aprilia Racing qu’il concentre ses feux. Une marque de Noale dont il ne faut pas oublier qu’elle équipait jusqu’à 18 pilotes ou plus dans les classes du championnat du monde 125 et 250 cc deux temps, avant d’être reprise par le groupe Piaggio…

MotoGP, Massimo Rivola

Paolo Ciabatti : « avant de critiquer le système, vous devriez faire une offre aux équipes« 

Un Rivola venant de la Formule 1 et qui aimerait reproduire en MotoGP l’effectif équitable entre les constructeurs qui y sont engagés avec des dispositions limitant les choix qu’une équipe privée peut faire pour participer à la compétition… « Pouvez-vous forcer une équipe à changer de fabricant et éventuellement dépenser plus d’argent que votre budget ne le permet ? Je ne suis pas convaincu par cette idée » comment Ciabatti qui ajoute cependant poliment : « mais je comprends l’opinion de Rivola, je comprends ses propos ».

Cela étant dit, la réalité en MotoGP est celle-ci : « je suis sûr que si un autre constructeur a une moto aussi compétitive que Ducati et la propose à un prix raisonnable, alors l’une de nos équipes pourrait choisir ce constructeur. Peut-être alors espéreraient-ils plus d’attention. Mais pour l’instant, les forces du marché ont conduit à cette situation. Parfois, il faut vraiment donner aux équipes la liberté de prendre des décisions », explique le manager de Ducati. « Je ne sais pas s’il serait juste de forcer une équipe MotoGP à passer à un autre constructeur ».

Et à quand bien même, ce serait irréalisable, puisque ceux qui critiquent la position actuelle de Ducati seraient incapables de la changer par manque de moyens et d’investissement dans la catégorie MotoGP… « Huit pilotes, c’est beaucoup. Je soupçonne donc que ce nombre finira par baisser. Mais Aprilia est-elle prête à équiper une troisième équipe en ce moment ? J’en doute. Avant de critiquer le système, vous devriez faire une offre aux équipes. Il n’y a actuellement aucune équipe client Yamaha. Parce qu’elle a été capturée par Aprilia. Ceci est accepté car ils ont probablement fait une meilleure offre en termes de compétitivité du package, de prix et de durée du contrat. Mais avant d’obtenir une équipe satellite, vous devez prouver que vous pouvez gagner et concourir pour le top 5. Si vous facturez ensuite des frais de leasing raisonnables, vous devenez en tant que fabricant une alternative très précieuse et attrayante pour une équipe cliente. Mais si votre moto n’est pas compétitive et que vous facturez beaucoup d’argent… ». CQFD.

Paolo Ciabati

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