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Beaucoup reprochent, la plupart du temps à raison, l’abondance du bitume sur les circuits. En effet, des mythes comme Silverstone se sont transformés au cours du temps, perdant en âme et en charme. À l’heure de l’uniformisation des pistes, Phillip Island fait exception à la règle, et ce par son cadre. Penchons nous donc, non pas sur le tracé en tant que tel, mais sur l’environnement unique qui fait du rendez-vous un incontournable.

Il faut savoir que les courses sur la petite île située au sud de l’Australie – état de Victoria – ne datent pas d’aujourd’hui : des épreuves sur route furent organisées dès 1928 jusque dans les années 1930. Au fur et à mesure du temps, le circuit évolue. En 1956, il prend une forme similaire à celle que l’on connaît.

Pourtant, il est encore difficile d’imaginer des courses de championnat du monde sur un si petit lopin de terre. Ne mesurant que 100 km2, « Corriong » (nom prêté par les locaux) est reliée par un pont de 640 mètres au reste du pays. C’est seulement 10 387 résidents à l’année, qui doivent voir leur habitudes chamboulées lorsque la caravane du MotoGP passe.

Certes, Phillip Island est minuscule, mais cela ne l’empêche pas d’être gâtée avec la faune. En plus de l’élevage de bétail, principale source économique de la localité, les touristes peuvent observer des milliers de manchots pygmées chaque jour. Ainsi, elle attire plus de 3 500 000 visiteurs chaque année. La plus grande colonie de Lions de mer d’Australie (estimée à 16 000 individus) s’y donne aussi rendez-vous.

Si vous faites un tour en mer par temps calme, il vous sera possible (sans doute avec beaucoup de chance) d’observer des baleines ainsi que d’autres animaux majestueux se pavaner.

 

Les manchots font partie des attractions caractéristiques de l’île. Heureusement, il n’y a encore pas eu de traversée malheureuse sur la piste … Photo : Larry Koester

 

L’île regorge d’oiseaux de tout types, des plus rares aux plus communs, des Sternes huppées aux Huîtriers fuligineux, en passant par les impressionnants rassemblements de mouettes. Ces curieux animaux n’hésitent pas à explorer des zones dangereuses ! En 2013 Jorge Lorenzo, alors en pleine séance qualification sort d’un gauche rapide. Une mouette désorientée par le bruit met quelques secondes à s’envoler, mais c’est déjà trop tard.

Luttant contre le vent, toujours intense sur le tracé, elle se fait percuter par le carénage de la YZR-M1 n°99. Lorenzo n’a rien pu faire, à part baisser la tête par réflexe. Heureusement pour le pilote, aucun câble ne fut endommagé.

En 2015, la bataille fait rage. Valentino Rossi, Jorge Lorenzo, Marc Márquez et Andrea Iannone se disputent la tête. Ce dernier, sortant lui aussi du virage 9 « Lukey heights », très technique, ne peut éviter une mouette esseulée qui tente de se mesurer aux meilleurs pilotes du monde.

 

Le tracé de Phillip Island serpente dans les collines du Sud de l’îlot. il est un vrai challenge et nécessite une maîtrise parfaite de la trajectoire. Photo : thomasdotorg

 

Malheureusement, sa course fut brève. Iannone percuta de plein fouet l’oiseau, et manqua de le prendre sur la tête. L’Italien termina la course troisième, et fit dessiner un casque représentant une mouette ébouriffé à l’occasion de séances de tests sur le circuit.

Le vent est aussi une problématique à prendre en compte. Bordant la mer, le circuit est soumis à de fortes rafales qui ont poussé les équipes à percer les carénages. Les pilotes sont unanimes : Il faut beaucoup d’expérience et de maîtrise pour ne pas se faire emporter, et ce n’est pas Miguel Oliveira qui nous dira le contraire. Ce dernier fut embarqué en 2019 par une bourrasque alors qu’il entrait dans le mythique « Doohan corner » , premier virage à droite à haute vitesse. Contraint d’aller tout droit, il chuta lourdement.

Entré au calendrier grâce à la popularité de Wayne Gardner , le circuit de Phillip Island est tout à fait unique en son genre. Entre faune et flore exceptionnelle, les pilotes ouvrent en grand dans un cadre splendide. Il est cependant reconnu dangereux, mais n’en reste pas moins apprécié de tous. À environnement magique, batailles magiques… La manche australienne n’est à manquer sous aucun prétexte.

 

Photo de couverture : Box Repsol

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