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Globalement, le classement combiné à l’issue des trois (ou six pour certains) jours de tests à Sepang place tout le monde à égalité, avec 19 pilotes séparés par moins de 8 dixièmes.

Cependant, il ressort de nos conversations avec différentes personnes impliquées que cela provient en grande partie des nouveaux pneus tendres expérimentaux apportés par Michelin.

 

Au-delà de cette égalité sur un tour chrono, la situation est donc différente pour chaque constructeur, et en voici une sorte de synthèse.

Honda :

 

Depuis l’année dernière, la firme de Tokyo a tout misé sur un moteur plus puissant. Takeo Yokoyama l’a expliqué en détail ici, une des conséquences a été un frein moteur très délicat à gérer et, de l’avis de certains pilotes comme Cal Crutchlow, un train avant délicat en entrée en virage dégradée, ce qui continue d’être le cas

Pas moins de 10 cadres ont été essayés l’année dernière par Marc Márquez, et cette valse a continué à Sepang avec notamment, entre autres, le test de celui comportant des attaches-moteur reportées vers l’avant et de grosses soudures vers l’arrière, y compris par Cal Crutchlow.

Côté aérodynamique, on a abandonné la première version des ailerons « Star Wars » au profit de la version aperçue au test de Valence, toutefois modifiée pour être remplacée rapidement, tout comme les ailerons latéraux par ailleurs de plus grandes tailles.

 

 

 

En résumé, s’il semble que ni la Honda ni son pilote principal soient déjà complètement prêts à ce stade de la saison, la concurrence commettrait toutefois une erreur en pensant que la moto #93 ne jouera pas le titre cette année…

 

Ducati :

 

Nouveau châssis, nouveau moteur et nouvelle aérodynamique n’ont pas empêché les GP20 d’apparaître en léger retrait lors de ces tests.

 

 

 

Rien de catastrophique mais suffisamment quand même pour que les pilotes désignent clairement le responsable à leurs yeux : le pneu arrière Michelin 2020 et sa nouvelle construction essayée lors de différents tests l’année dernière.

Offrant plus de grip sur l’angle maxi, il semble favoriser les quatre cylindres en ligne qui ont des trajectoires arrondis et de grandes vitesses de passage en courbe, à l’inverse des Ducati et de leurs trajectoires plus cassées pour profiter de l’accélération de leur puissant moteur.

On notera que ces pneus ayant été essayés la saison passée et que Ducati travaillant en étroite collaboration avec MegaRide, il semble curieux que les hommes de Borgo Panigale aient dû attendre les tests à Sepang pour découvrir ce problème…

A Sepang, Ducati a également essayé différentes configurations aérodynamiques avec des ailerons plus gros et des profilages de tubes de fourche en plus de ceux des fourreaux.

 

 

photo: MICHELIN

 

Par ailleurs, la manette « mystérieuse » était toujours d’actualité…

 

Yamaha :

 

Jusqu’à peu, la M1 semblait souffrir de deux problèmes : une motricité inconstante en fonction de la température de la piste et un déficit d’une dizaine de kilomètres/heure en vitesse de pointe.

Ce dernier point semble avoir été à moitié résolu par un nouveau moteur et seuls les résultats sur les différents tracés de la saison permettront d’affirmer que la Yamaha est désormais plus régulière.

 

 

En attendant, la firme d’Iwata a essayé à Sepang son propre dispositif Holeshot Device qui rabaisse le centre de gravité pour faciliter les départs en contrant la tendance au wheeling, ainsi que des appendices aérodynamiques destinés à favoriser la vitesse de pointe. A l’inverse des Ducati dont la commande se situe sur le Té de fourche, la manette rotative se situe près du longeron gauche sur la Yamaha.

https://twitter.com/i/status/1226240382842830848

 

Tous les pilotes de la marque, y compris les pilotes d’essais à l’exception de Jorge Lorenzo, ont par ailleurs continué à essayer le bras oscillant en carbone, sans qu’une tendance très nette se dégage pour le moment. Tout comme les profilages de roue avant…

 

 

Enfin, à ce jour rien ne nous permet encore de confirmer notre notre hypothèse d’un volant-moteur extérieur sur les M1…

 

Suzuki :

 

L’impression qui ressort des derniers tests à Sepang est peut-être que c’est à Hamamatsu que l’on semble techniquement le plus prêt à aborder la saison.

Tout comme la Yamaha, la GSX-RR bénéficie à la fois du nouveau pneu Michelin et d’une amélioration de sa vitesse de pointe.

Les chronos sont là, les mini-simulations de course aussi et, pour un peu, on penserait presque que Suzuki cache son jeu.

Ce que les hommes de Davide Brivio ne cachent pas, ce sont en revanche les nouveaux cadres complètement dénués de carbone, la présence de nouveaux ailerons latéraux, ainsi que le fait qu’un Holeshot Device qui devrait rapidement faire son apparition.

photo: MICHELIN

 

KTM :

 

Après avoir mis en place son équipe satellite l’année dernière, la marque de Mattighofen a pu consacrer cet hiver à travailler sans relâche sur une toute nouvelle moto.

Nouveau moteur plus puissant, nouveau cadre avec toujours plus d’éléments en impression 3D, réduction drastique de poids et nouvelle aérodynamique semblent avoir permis à la RC16 de faire un bond en avant à l’aube de cette saison 2020.

La firme autrichienne se permet même d’innover en présentant un carénage dont les bords semblent, dixit Guy Coulon, « avoir été mordus par un requin. »

 

 

photo: MICHELIN

 

Le dispositif, destiné à créer de petites turbulences pour mieux accrocher les filets d’air, est déjà utilisé depuis 2017 sur les Mercedes F1 et depuis plus longtemps sur les bords de fuite des réacteurs des avions et les pales d’hélicoptères.

 

 

Aprilia :

 

C’est la grosse et heureuse surprise ! La RS-GP 2020 dont le V4 a vu son angle s’élargir à 90° était complètement nouvelle et est apparue immédiatement dans le coup, ce que le modèle précédent n’avait pu faire qu’à de très ponctuelles occasions.

Partie-cycle, moteur et aérodynamique, tout est donc entièrement nouveau et, pour un coup d’essais, ce fut un coup de maître, qui demande toutefois à être confirmé sur d’autres tracés.

Un grand bravo à l’équipe de Noale qui se distingue également en aérodynamique par un aileron en forme de lame de dimensions très généreuses (outre de très beaux profilages de roue avant et une « boîte » sous la selle)…

 

 

photo: MICHELIN

 

Les tests qui auront lieu au Qatar du 22 au 24 février devraient encore permettre de travailler sur l’aérodynamique avant de figer tout cela pour le premier Grand prix qui se déroulera le 8 mars.