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Comme ses collègues des 5 autres constructeurs, le  responsable technique de KTM, Sebastian Risse, a pu faire le point devant la presse après la première demi-saison 2019.

Voici notre traduction de l’intégralité de ses propos.


La saison 2019 est très différente de l’année passée, ne serait-ce que parce que vous avez maintenant quatre motos sur la grille. Pouvez-vous nous en parler ?

Sebastian Risse : « absolument, c’est une saison exceptionnelle à de nombreux égards jusqu’à maintenant. On peut la considérer de plusieurs manières. Si je regarde seulement Pol, il a connu une saison difficile l’année dernière avec des blessures, puis a essayé de revenir dans le rythme. Il est maintenant sur un autre niveau, et, de notre point de vue, il a beaucoup progressé durant l’hiver. Nous avions déjà fait de gros développement de la moto l’année dernière avant la tournée Pacifique, avant de nous concentrer sur des améliorations ponctuelles lors de la pré-saison et aussi à notre retour de la tournée Pacifique en Europe. Et nous avons clairement vu une progression. La moto n’est pas encore au niveau où nous voulons qu’elle soit, mais il s’en sert brillamment. L’année dernière, dans les meilleurs moments il était dans le top 10, alors que les résultats sont maintenant entre P6 et P8 quand ils sont bons, et on peut encore se battre pour le top 10 quand quelque chose ne fonctionne pas très bien. C’est vraiment un grand pas en avant ».

« D’un autre côté, nous avons Johann et nous n’avons pas encore trouvé le moyen, lui et nous. Globalement, son apport dans le développement est très apprécié et nous avons essayé beaucoup de choses, mais clairement les résultats ne sont pas au rendez-vous et ne reflètent pas vraiment un changement jusqu’à présent ».

« Puis nous avons le Test Team avec Dani qui nous a rejoint et constitue une grande étape, et l’équipe cliente avec qui nous travaillons et qui a construit une structure qui place maintenant ses motos de plus en plus proches. Nous avons donc davantage de retour des pilotes sur les motos, dont nous pouvons de plus en plus nous servir pour le développement, à côté des résultats bruts ».

« Donc, c’est donc une bonne saison pour nous mais, oui, nous continuerons à faire des efforts et nous verrons où cela nous mène ».

Nous sommes certains que le podium de Pol à Valencia l’année dernière et la pole position de Johann à Brno ont été de merveilleux moments pour KTM. L’année prochaine, ce sera votre 4e année en MotoGP. Où pensez-vous que vous vous situez par rapport à votre plan initial ?

« Heureusement, les attentes s’ajustent toujours un peu aux résultats, donc nos attentes sont toujours de faire le prochain pas en avant, et il est clair que plus vous êtes proche, plus ce sera difficile. Nous ne nous attendons donc pas à quelque chose de fou mais nous voulons encore franchir une étape. Cela dépend de quel pilote vous écoutez car ce n’est pas toujours la même chose. Nous devons soutenir Pol et lui donner ce dont il a besoin. Il a un pilotage presque unique mais pour le moment c’est lui qui apporte des résultats, et d’un autre côté nous avons les autres pilotes. C’est notre objectif pour le moment ».

Vous dîtes que Dani est important pour développer la moto. Pouvez-vous nous expliquer dans quel domaine particulier ?

« Pour le moment, il aide particulièrement dans le domaine du moteur et de l’électronique, là où il a beaucoup plus d’expérience que nos actuels pilotes de MotoGP et que Mika. Nous essayons de construire des ensembles car chaque pas en avant n’est pas forcément ressenti par chaque pilote. Mais si si vous faites un ensemble de 10 progrès et le donnez aux pilotes de Grand Prix, alors ils disent « Ah, c’est ce que dont nous avions besoin ». Nous nous concentrons principalement là-dessus durant la saison , et bien sûr la moto de l’année prochaine est dans une large mesure entre ses mains. Nous allons prochainement tester cet ensemble dès que possible, avec les pilotes de MotoGP également ».

L’équipe Tech3 vous a-t-elle apporté toutes les données que vous attendiez, car elle aligne deux pilotes aux résultats très différents ?

« Miguel a commencé avec une page blanche en MotoGP, donc il est très ouvert d’esprit et s’inspire du meilleur de tous les autres styles de pilotage et essaie de se développer, et c’est une bonne confirmation et une bonne contribution pour nous, bien sûr. Hafizh vient d’un milieu similaire à celui de Johann et confirme ses commentaires dans la plupart des domaines. Donc même s’ils ne trouvaient pas quelque chose de nouveau, ils confirment que nous avons progressé, et deux pilotes au lieu d’un pilote disent « oui, c’est quelque quelque chose pour moi ». Ils nous ont déjà été aidé à être davantage certains qu’il s’agissait de la bonne direction. Ce week-end, et en particulier durant le test puisque nous voulons les laisser concentrés sur la course, nous leur avons donné une partie du travail. Donc oui, rassembler plus d’informations, plus de données, est d’une grande aide ».

Envisagez-vous de passer au châssis en aluminium et à de nouvelles suspensions, ou pas ?

« Globalement, nous travaillons sur différents concepts de suspensions, mais il est clair que nous resterons avec WP. Et concernant le châssis, nous avons des développements constants, à la fois dans les détails et dans le concept, mais nous ne voulons pas utiliser un châssis en aluminium. Nous croyons fermement que nous pouvons atteindre nos objectifs avec un cadre en acier, qu’il s’agisse d’amortissement, de rigidité ou autre chose. Il s’agit de trouver les bonnes cibles et de les atteindre. C’est ce sur quoi nous travaillons ».

Que pensez-vous de l’idée d’avoir une évolution moteur autorisée en cours d’année pour tout le monde, ce qui est interdit pour le moment ?

« Pour KTM, bien sûr, nous sommes dans une situation différente, mais cela toucherait clairement notre développement et notre situation puisque nous sommes un constructeur bénéficiant des concessions, et que nous en profitons beaucoup. Nous utilisons maintenant notre troisième spécification moteur de la saison, et nous avons changé de moteur plus d’une fois durant chaque saison. Et c’est quelque chose qui fonctionne vraiment bien : on investit de l’argent et on en retire quelque chose. Si cette règle devait être supprimée pour permettre des modifications aux autres, nous devrions évidemment discuter de ce sujet ».

Ressentez-vous qu’il y a un point faible en particulier à corriger sur la KTM ?

« C’est évidemment aussi quelque chose qui est lié aux pilotes. Nous avons d’un côté Pol et Mika qui se concentrent beaucoup sur l’adhérence arrière. Ensuite, nous avons des pilotes venant de Yamaha, qui se concentrent davantage sur une moto plus facile, avec une entrée en virage et des prises de virage plus faciles. Et il est clair que vous devez beaucoup forcer notre moto pour en obtenir quelque chose. Vous pouvez le faire, mais tous les pilotes ne peuvent pas y aller et ne sont pas préparés à aller à cette limite. Ce sont globalement les deux points sur lesquels nous nous concentrons ».

En 2020, Michelin va reprendre le développement de ses pneus. À quel point cela affecte-t-il votre moto ?

« Pour KTM, les pneus étaient le domaine le plus important à comprendre lorsque nous avons rejoint le MotoGP. Non seulement comment faire fonctionner le pneu, mais également comment l’analyser correctement, pour prendre les bonnes décisions. Mais je pense que nous avons maintenant les outils pour être prêt pour des spécifications de pneus différentes ».

Que pensez-vous d’éventuels changements des caractéristiques des MotoGP, comme le nombre de cylindres ou le poids qui semble important pour un prototype ?

« Pour KTM, on peut considérer le poids suivant de deux façons. Diminuer la limite de poids entraînerait simplement un coût supérieur, ce qui de notre point de vue ne rendrait pas vraiment le sport plus intéressant. Bien sûr, on pourrait dire que ce serait plus sûr car la moto aurait moins d’énergie, mais elle irait aussi plus vite donc on n’améliorerait pas ce point en faisant ça. Concernant le futur règlement, comme nous sommes nouveaux dans la catégorie, il serait intéressant que quelque chose change et prenne une nouvelle direction car nous serions alors davantage à égalité de chances d’y répondre. Mais d’un autre côté, dans la situation où nous sommes, avec des fournisseurs uniques de pneumatiques et d’électronique, je ne suis pas si sûr que les différents concepts n’évoluent pas de la même façon que par le passé ».

Crédit photo : MotoGP.com

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