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Si la marque japonaise va pouvoir compter sur le retour en forme de Franco Morbidelli cette saison aux côtés de Fabio Quartararo, sa machine souffre toujours autant d’un déficit de puissance vis-à-vis de ses concurrentes. 

En 2021, Yamaha a réussi à mettre fin à une période de disette qui courait depuis 2015 et le dernier titre décroché par Jorge Lorenzo dans un duel fratricide face à Valentino Rossi. Mais si l’an dernier Fabio Quartararo a permis à la marque aux trois diapasons de faire son retour au premier plan, force est de constater que le Français a été bien le seul à défendre les couleurs du constructeur japonais l’an dernier.

Feu l’équipe Petronas Yamaha SRT (renommée Yamaha RNF cette saison) a en effet connu l’an dernier une décrue dans ses performances, avec des résultats en net déclin de la part de Valentino Rossi qui réalisait alors son baroud d’honneur dans la discipline. Et ce ne fut guère mieux au sein de l’équipe d’usine, où les fortes dissensions entre Yamaha et Maverick Viñales, pourtant vainqueur de la toute première manche au Qatar et présent dans l’équipe depuis 2017, ont débouché sur le départ anticipé de l’Espagnol en milieu de saison, ce qui a eu pour conséquence de faire reposer sur les épaules de Quartararo toute la responsabilité de faire briller la marque d’Iwata dans la catégorie reine.

2021, une année prolifique pour Yamaha

Avec le succès que l’on sait, le Niçois tenant parfaitement son rôle pour remporter le titre, et parachevant un résultat d’ensemble de premier ordre pour Yamaha en 2021, où le constructeur japonais a par exemple renoué avec le titre en Superbike grâce à Toprak Razgatlioglu (une première depuis le sacre de Ben Spies en 2009) : « 2021 a été une année très spéciale pour Yamaha », explique Lin Jarvis, le directeur exécutif de Yamaha Motor Racing. « C’était notre 60e anniversaire en compétition, et nous avons eu des résultats fantastiques aux quatre coins du monde. Mais le titre le plus important fut sans nul doute celui conquis en MotoGP. Cela faisait six ans et le sacre de Jorge Lorenzo que nous ne nous étions pas imposés, et par conséquent le fait de revenir au sommet a constitué une formidable récompense pour toute l’équipe, pour les pilotes, nos sponsors, et bien sûr toutes les personnes qui travaillent pour le groupe Yamaha. Cela a vraiment consacré une année en tout point fantastique. »

Pourtant, la seconde partie de saison 2021 a laissé poindre des écueils qui constituent autant de points d’attention pour Yamaha. D’abord sur la M1 en elle-même, qui a particulièrement souffert lors des dernières manches d’un manque de puissance pointé du doigt depuis déjà plusieurs années par les pilotes.

« L’axe principal de progression pour la M1, c’est sa pointe de vitesse », reconnaît Massimo Meregalli, le directeur de l’équipe officielle Yamaha. « Nous devons progresser là-dessus car l’an dernier nous avons vraiment souffert dans ce domaine. Les ingénieurs au Japon sont vraiment pleinement concentrés sur ça. Ils n’ont pas travaillé que sur le moteur, mais aussi sur l’aérodynamique, ils ont essayé d’améliorer le grip à l’arrière, ou bien encore l’accélération, avec toujours dans l’idée de gagner de la vitesse en ligne droite. »

Il est vrai que sitôt le titre en poche fin octobre à Misano, à l’occasion de l’antépénultième manche de la saison, Quartararo a souffert sur les deux derniers circuits visités par le championnat, qui pourtant ne semblaient pas être défavorables à la M1 – preuve en est l’abandon du Français lors du GP d’Algarve où il n’a pas réussi à figurer aux avant-postes de tout le weekend, alors qu’il s’était imposé sur ce même tracé quelques mois plus tôt à l’occasion du GP du Portugal. Et ce ne sont pas les essais de présaison, à Sepang et Mandalika, qui sont venus rassurer dans le clan japonais, Quartararo regrettant le manque de progrès de sa machine dans le domaine de la puissance.

Une concurrence toujours plus intense

Un déficit qui pourrait s’avérer d’autant plus préjudiciable que la concurrence s’est considérablement renforcée depuis l’an dernier, avec un plateau toujours plus resserré où le moindre point faible va sans aucun doute se payer cher. Dominatrices en fin de saison dernière, les Ducati ont d’ores et déjà endossé le statut de favorites, alors que les Honda ont impressionné lors des essais officiels, réalisant en Indonésie le meilleur temps absolu par l’intermédiaire de Pol Espargaró, alors que Marc Márquez a enfin retrouvé son meilleur niveau et devrait être en mesure en 2022 de jouer la victoire si ce n’est le titre.

Une concurrence particulièrement fournie donc, sans compter les Suzuki avides de revanche après une saison 2021 bien terne et dénuée de victoire, et les progrès formidables d’Aprilia qui pourrait bien viser autre chose que des podiums lors du prochain exercice. Preuve ultime du resserrement des performances sur la grille ? La présence de cinq constructeurs différents (sur les six engagés en MotoGP, KTM figurant en retrait jusqu’ici) aux sept premières places lors des tests de présaison.

De quoi brouiller les cartes et rendre difficile la moindre projection. « C’est difficile de savoir quels vont être nos principaux rivaux, car durant la présaison vous ne savez jamais qui est en train de réaliser la plus grosse progression, ou qui détient le meilleur package, la meilleure combinaison », juge Quartararo. « Mon premier adversaire sera bien sûr mon coéquipier, mais si on regarde la fin d’année dernière, on voit que Pecco était très fort sur les dernières courses, tout comme Joan Mir. Mais il y a tout un tas de pilotes qui peuvent se mêler à la lutte et on ne peut pas vraiment les mettre de côté, en tout cas pas tant que quelques courses n’ont pas été disputées. »

Face à cette compétition accrue, Quartararo devrait néanmoins pouvoir compter sur le retour en forme de son coéquipier Franco Morbidelli. Les deux hommes se connaissent très bien pour avoir déjà évolué de concert en 2019 et 2020 (ainsi qu’en fin de saison 2021) au sein de l’équipe Petronas Yamaha SRT.

Morbidelli, le facteur X

Morbidelli a cependant été handicapé l’an dernier par une blessure au genou, et sa promotion éclair au sein de l’équipe officielle pour les cinq dernières manches de la saison ne lui a pas vraiment laissé le temps de bien s’adapter à son nouvel environnement. Mais nul doute que l’Italo-Brésilien a mis à profit la trêve hivernale et les essais de présaison pour se faire la main et se présenter ainsi fin prêt pour le nouvel exercice qui s’annonce. « Nous sommes très contents d’avoir un lineup aussi solide pour cette saison », affirme Massimo Meregalli, le directeur de l’équipe officielle Yamaha. « L’un de nos deux pilotes souhaite réitérer sa performance de 2021, alors que l’autre veut prendre sa revanche après une dernière saison très compliquée. »

De quoi nourrir de grands espoirs pour 2022, et pourquoi pas viser plus que le titre pilote chez Yamaha. Interrogé sur les objectifs de la marque aux trois diapasons cette saison, Jarvis se risque en effet à évoquer la triple couronne : « Notre équipe a démontré être très compétitive l’an dernier, car nous avons remporté six courses ainsi que le championnat des pilotes. Mais nous abordons cela en confiance, notre objectif est de décrocher le titre à la fois chez les pilotes, les constructeurs et les équipes. »

Un but également convoité (et annoncé) par Ducati, qui a pour sa part raflé les titres chez les constructeurs et les équipes l’an passé, et ne compte pas en rester là. De quoi augurer un combat homérique en 2022. On ne va pas s’en plaindre.

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