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Au GP de France cette année, le samedi a été un extraordinaire feu d’artifice avec la pole position de Johann Zarco. Puis le dimanche sa chute a forcément gâté l’ambiance. Comment Claude Michy, organisateur de l’épreuve a-t-il vécu cette succession de fortes émotions ?

« Déjà, faire la pole position, c’était magique. Après, tu ne peux pas reprocher à un pilote de tomber, surtout quand il a le panache de jouer la victoire. C’est un fait de course, et à partir de ce moment-là c’est la compétition, point. S’il avait chuté en Thaïlande de la même façon, ça aurait été regardé différemment. Alors qu’au Grand Prix de France tu as l’espoir de tout le public français, mais ce qu’il a fait a déjà été magnifique. »

Fabio Quartararo a remporté une fabuleuse victoire à Barcelone en Moto2, puis fini deuxième à Assen. Penses-tu que cela va motiver de jeunes pilotes français à rejoindre les deux catégories Moto3 et Moto2, où ils se font rares actuellement ?

« Fabio avait été monté au pinacle un peu rapidement après ce qu’il avait fait en Championnat d’Espagne, puis il est passé par le creux de la vague. Il a eu la force de caractère – et un bon entourage comprenant notamment Éric Mahé – pour retrouver ses marques dans un team comme celui de Luca Boscoscuro. Il a montré son talent et a retrouvé sa confiance. Il vient de confirmer à Assen ce qu’il avait fait à Barcelone, avec beaucoup d’élégance et de performance.

« Ça c’est le premier point. Concernant le deuxième, c’est-à-dire l’arrivée des jeunes pilotes, il y a le creux de la vague. Il y a des gens qui travaillent pour cela, comme la Fédération, mais aussi Laurent Fellon et Johann avec leur école. Il y a aussi des jeunes qui roulent en Espagne qui sont performants. D’autres jeunes en France commencent à montrer le bout de leur nez, mais ils ont 12 ou 13 ans, et déjà avant d’arriver en Moto3 il faut deux ans.

« Le niveau est très élevé. Il faut beaucoup rouler et énormément s’entraîner. Il faut être disponible – y compris dans son cerveau – pour se consacrer uniquement à la moto. »

En tant qu’organisateur, apprécies-tu que Marc Marquez fasse le spectacle en restant avec les autres pilotes pendant l’essentiel de la course, puis en accélérant pour gagner dans les tous derniers tours (ce que Rossi appelle « jouer au chat et à la souris avec nous ») ?

« Je pense que tu peux avoir plusieurs interprétations. Quand tu vois la course d’Assen, tout le monde roule ensemble. Après, sur la fin de course, effectivement il a pris quelques distances, mais est-ce parce qu’il gère mieux les pneus ? Est-ce que c’est parce que sa moto est plus efficace que les autres en pneus usés ?

« Je pense que Marc Marquez est au taquet mais ce n’est pas aussi simple que ça. Il a une très bonne machine, il est très fort, et c’est un bon gestionnaire de course. Il y a quelques années, je pense que Valentino avait peut-être la même approche. »

Justement, Rossi a ravi la deuxième place à Assen à Marquez au quatrième tour. Comment reste-t-il toujours aussi vaillant ?

« Je pense que c’est quelqu’un qui travaille énormément. On voit la lumière des projecteurs sur Valentino et les autres pilotes, mais ce qu’on ne voit pas, c’est leur travail. Rossi fait partie de ces sportifs de très haut niveau d’exception qui parviennent à allier la durée et la performance. »

Penses-tu que le Grand Prix de France de F1, soutenu par l’ancien pilote de GP moto Christian Estrosi, aura une influence positive sur la popularité des sports mécaniques dans notre pays ?

« J’ai salué Christian Estrosi comme pilote avant que comme homme politique. Il a eu l’audace de trouver la solution pour que la F1 revienne. C’est magnifique et très bon pour les sports mécaniques. Ce sont quand même eux qui, bien que décriés, ont amené tous les progrès technologiques sur la sécurité, la consommation et la mobilité en général.

« Le GP de F1 a fait en gros 60 000 entrées payantes, nous on a fait en MotoGP 86 000. Les 24 H du Mans sont au-dessus de 100 000 et les 24 H motos 33 000, ce qui démontre l’intérêt pour les sports mécaniques. »

Envisagerais-tu une promotion croisée, en faisant effectuer deux ou trois tours de démonstration à une F1 lors de ton GP au Mans, tandis qu’une machine de MotoGP ferait de même au Castellet lors du GP de F1 ?

« Cette question est délicate pour de nombreuses raisons. Moi, je pense que rien n’est impossible. C’est plutôt au niveau de la F1 de savoir si ça les intéresse… »

Après la Thaïlande et la Malaisie, l’Indonésie veut absolument son Grand Prix. L’Asie du sud-est constitue-t-elle globalement une menace pour les organisateurs européens à plus ou moins long terme ?

« Le monde change et il évolue. C’est aux organisateurs européens de se montrer performant. Nous on était en contrat jusqu’en 2021 et on a prolongé jusqu’en 2026, donc il reste un peu de temps avant que les choses changent. Je pense que Dorna sait très bien gérer toutes ces choses-là. Ces pays peuvent être porteurs au niveau du sport, mais aussi de l’industrie. C’est un Championnat du monde, pas un Championnat d’Europe. Cela veut donc dire que l’importance des investisseurs de ces pays continue aux teams d’exister avec de solides partenaires.

« Tout ça marche ensemble : il ne faut pas le voir comme un risque pour l’Europe, mais dans le cadre du développement mondial d’une discipline sportive qui est la compétition moto. »

Vois-tu avec joie le remplacement dans le futur des machines de MotoGP par des motos électriques ?

« La question ne se pose pas comme ça. Aujourd’hui, Dorna intègre de la moto électrique dans le cadre de la MotoGP. Je pense que l’exemple de ce qui a été fait dans le Trophée Andros est bon : il y a du thermique et aussi des courses de voitures électriques.

« Aujourd’hui, les populations ne sont pas prêtes à des courses 100% électriques. Par contre on évolue petit à petit dans ce sens, bien qu’il reste encore beaucoup d’eau à couler sous les ponts. Et on entendra longtemps le bruit des pots d’échappement ! »

Divers GP France 2015 (Circuit Bugatti)
15-17/05.2015
PSP/ Stan Perec
www.photoPSP.com

Photo de titre : Philibert, Claude et Victoria Michy ©  PSP pour Grand Prix de France Moto

Photo ci-dessus : Carmelo Ezpeleta et Claude Michy © PSP pour Grand Prix de France Moto

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